Un archange parmis les chats... [END]

Sous l'éclat de la lune écarlate, aucun ne frémit. Exceptée le doux zéphyr qui zigzaguait entre les arbres morts teintés par le rouge souillé. Une neige vermeil qui ne prend jamais fin, un ciel ardent de feu, un monde qui s'empourpre, une rivière ensanglantée et des yeux bordeaux luisant dans l'ombre. Le clan était encerclé, mais n'avaient pas peur. Même si c'était la fin.


Nuage de la Destinée se réveilla en sursaut sous un fracas assourdissant. La lune berçait la tanière des novices de sa lumière douce et envoutante, mélangé aux ténèbres de la nuit. Il cligna plusieurs fois des yeux et se redressa pour contempler l'embouchure du buisson. On pouvait voir l'herbe humide du centre du camp se couvrir de formes obscures, des nuages sans doute. Un autre éclair illumina l'antre, et le tonnerre retentit de nouveau. Puis on entendit le clapotis de l'eau sur le sol, sur les feuilles, sur les branches et sur les fleurs, comme un écho retentissant en vain, à l'infini, trop loin.
Le chat gris sortit de son abri pour contempler les larmes célestes. Il s'assit au centre de la clairière et leva les yeux au ciel, pensif.


L'intéressé tourna la tête vers un matou blanc moucheté, son aîné nommé Cendre de Lune. Un guerrier tout juste nommé, plus âgé de 3 lunes seulement. La pluie ruisselait sur son pelage, alors le novice se secoua pour expulser les gouttelettes, mais d'autres vinrent ce poser. Il soupira et se miroita dans une flaque de liquide flou.


Le guerrier abandonna la discussion, il savait que son interlocuteur n'était pas bavard. Alors il s'assit à côté de lui et regarda les étoiles cachées par les nuages, à son tour, tout simplement. Le lever du jour ne tarda pas à arriver, et tous deux observèrent ce ciel sombre éclairci par un brin de rose et de feu. Une voix les surprirent dans leur contemplation céleste.


C'était le lieutenant qui s'était déjà levée pour préparer les patrouilles. Pas très matinale la féline. Après les avoir sermonnés, elle s'éloigna d'un pas furtif vers l'antre du chef. Nuage de la Destinée se leva mollement et se dirigea vers la sortie, suivie de près par son nouveau partenaire de chasse.
Ils entamèrent leur longue balade silencieuse à travers la forêt. Ils s'arrêtaient de temps à autres lorsqu'ils sentaient l'odeur du gibier. Au final, les deux compètes capturèrent 3 proies chacun, qu'il s'empressèrent de rapporter au camp.
Lorsque Nuage de la Destinée commença à s'éloigner, l'autre félin de rattrapa.


Le félin concerné se retourna et leva la tête pour égaliser la taille du guerrier. Mais il ne su quoi répondre. En fait, il s'en fichait. Il détourna le regard et acquiesça d'un hochement de tête.


Puis il s'en retourna dans la tanière des apprentis, se roula en boule et s'endormit paisiblement.


L'appel résonna dans le campement. Nuage de la Destinée bailla et s'étira. Il avait compris que son heure était venue.
Il sorti du buisson et s’approcha d'un pas saccadé vers le rocher gris. Il s'assit à son pied et attendis que tous les félins, intrigués, se retrouvent en face de lui.


Il accepta avec lassitude, les yeux vagues. La chef connaissait son comportement, alors elle continua.


La noiraude entama le rituel, effleurant le front du nouveau guerrier. Celui-ci soupira et lui répondit en lui léchant l'épaule. Les félins, septiques, ne surent quoi dire devant le spectacle. Seuls quelque uns acclamèrent son nom, puis le silence régna. Ange du Destin descendit du promontoire et passa à travers la foule pour rejoindre l'entrée du camp. Les félins le regardèrent puis détournèrent la tête et se dispersèrent, vaquant à leurs occupations.
Lorsque la nuit laissa la place à quelque rayons du jour, Cendre de Lune vint aborder l'ancien apprenti.


Mais l'autre ne réagit pas, fixant l'horizon.


Le félin gris s'était levé et regardait son "ami" droit dans les yeux, une lueur de fureur dans les pupilles.


Ange du Destin ferma doucement ses yeux, un peu calmé. Etoile Ténébreuse apparu devant les deux mâles. Elle s'assis, le pelage au vent, la queue enroulée autour des pattes. Elle murmura d'un voix mielleuse :


Une rayon de soleil se posa sur la fourrure du matou, et en fit un hallo de lumière argenté. Mais la femelle avait déjà compris que la prophétie venait de commencer...


Il s'inclina par respect et s'en retourna dans la forêt. Celle qu'il connaissait, celle qu'il aimait tant. Silencieux dans le froid, il abaissa les paupières, savourant ce simple instant de liberté. Puis une odeur de souris vient lui titiller les narines. Il la pourchassa et l'acheva d'un coup de crocs. Il prit la petite bête par la nuque et l'enterra au pieds d'un arbre à souche, point de repère.
Le soleil atteint son zénith lorsque Ange du Destin rentra au camp avec un nombre suffisant de proies. Puis, il parti s'allonger près d'un buisson, une pie dans la gueule, et essaya de savourer chaque bouchée de son met préféré. Étrangement, celui-ci semblait cendre dans sa bouche.


Quelque chose clochait. Ses temps si, il avait du mal à dormir.